pratique artistique et histoire de l'art: avril 2014

6 séances de 2H les lundis, mercredis, vendredis de 18H à 20H - du vendredi 28 mars au mercredi 9 avril

"Le travail portera sur l'exploration de notre imaginaire autour du bestiaire: travail en 2 dimensions à partir d'expérimentations sur les taches dans un premier temps, puis, dans un deuxième temps, travail en volume de construction par assemblages d'objets et matériaux de récupération."

Temps 1: 3 séances

De la tache au bestiaire

De l'informe à la forme entre abstraction et figuration

travail en 2 dimensions

Séance 1:

1. Faire des taches ( différentes et singulières)
La phase d'entrée dans le sujet se fait de manière ludique. C'est un temps de préparation qui permet de se libérer d'une éventuelle crispation ou angoisse devant la feuille blanche.

Proposition insolite, déstabilisante, mais qui éveille la curiosité: "faire des taches" toutes sortes de taches différentes en faisant varier les médiums, les supports, les gestes et les outils, "créer des taches étonnantes" en prenant en compte le hasard et l'aléatoire.

Il n'est pas encore question de "bestiaire"

Les contraintes :

L'outil ne touche pas le support.
Espacer les différentes taches sur les supports pour rendre visibles/lisibles les formes singulières.
La tache se stabilise rapidement et de manière durable

Les moyens matériels:

Différents supports plans de récupération (papiers, cartons, tissus... etc.)
Médiums variés (encres, peintures, brou de noix, colles, mais aussi oeufs, farine, sauce tomate, café, gros sel, cire...etc)
Différents outils possibles: pinceaux, morceaux de bois, éponges, cuillères...etc.
Différents gestes: verser, secouer, faire couler, plier, gicler..

Durée: 1H

Chacun réalise une série de propositions différentes

2. Créer des diapositives pour formaliser un bestiaire.

Pendant le séchage des taches, et dans la suite de cette première expérimentation tâtonnée, nouvelle proposition impliquant de nouvelles contraintes.

supports et formats imposés: rhodoïdes transparents de 5 x 5cm à incérer dans des caches de diapositives permettant une projection de grands formats. Les formes sont révélées par jeux de transparences (couleurs, matières)

les taches créées doivent suggérer des présences animales, formes incomplètes, mais indices évocateurs.

Séance 2 et 3:

A partir des productions initiales de taches

1. Observer attentivement et cadrer c'est à dire isoler des fragments permettant de révéler cette présence à l'aide d'équerres en carton qui seront déplacées sur les supports.

2. Tracer et découper les plus singulières , expressives et suggestives de ces formes incomplètes.

3. Présenter: c'est à dire valoriser et rendre visible/lisible les images sélectionnées.

Quelques unes des images retenues

Le point de vue des artistes

Aux taches maintenant..
Donc je me bats avec elles, je les fouette, je voudrais tout de suite être débarrassé de leur bêtise effondrée, et les galvaniser, les rendre éperdues, exaspérées, les allier monstrueusement malgré elles à tout ce qui bouge, à l’innombrable foule d’êtres, de non-êtres, de fureurs d’être……

Les taches, c’est une provocation. J’y réponds. Vite. Il faut faire vite, avec ces grandes molles, capables de se vautrer partout. C’est tout de suite la minute de vérité.

H. Michaux (1889-1984) - Catalogue d’exposition chez Cordier, 1999

Henri Michaux, ST, 1959 - 60

Pour exciter l'esprit à diverses inventions, … contempler les murs « souillés de taches informes »

Léonard de Vinci (1452-1519) dans un de ses carnets conseille "pour exciter l'esprit à diverses inventions, de contempler les murs "souillés de taches informes" : On y trouve des paysages de montagne, des arbres, des batailles," des figures aux gestes vifs", des visages et des "costumes étranges". Les tâches colorées des murs, ou les nuages du ciel sont comme le carillon des cloches "qui contient tous les sons et les mots que tu voudras imaginer".

J'éprouve une émotion toujours renouvelée dans la contemplation des tableaux vivants de la nature que sont le moutonnement des nuages dans le ciel, la danse des flammes dans une cheminée, les brumes et les fumées s'évaporant au loin dans la campagne...

J'ai tenté de fixer ces images sur mes tableaux, d'abord sous forme de reliefs dans l'expansion aléatoire de mousses polyuréthannes, puis dans des taches colorées tartinées avec application sur la toile. Je plongeais dans un rêve éveillé, au milieu d'un monde peuplé de figures et de cris. Dans ce chaos abstrait, dans cette matière polymorphe formée de pigments broyés sur une surface vierge, se dessinait un peuple brut que seul un geste primitif pouvait révéler. Pour garder trace de cette rêverie, j'ai ranimé en moi un geste originel profondément enfoui, le même sans doute que le peintre préhistorique de Lascaux qui, d'un large cerné noir intégrant les parois de la grotte, dessinait habilement un signe, un animal, une créature. Avec ce jeu j'ai expérimenté que l'image est l'ennemie de l'imagination.

Max Ernst

Jeanne Tripier, effigies monstrueuses des Rois Barbares, 1935, 1939

Annette Messager, album-collection n°47, petites pratiques quotidiennes, 1973

Annette Messager, album-collection n°47, petites pratiques quotidiennes 1, 1973

Asger Jorn, Bittrer Ernst, 1971, 114 x 146 cm

Joan Miro, Tête de femme, 1938

Joan Miro, Décoration de chambre d'enfants, 1938 (détail) 80 x 320 cm

Temps 2: 3 séances

Construction d'un bestiaire en volume

par assemblages d'objets et matériaux de récupération

Séance 4 - 5 - 6:

1. Observation des objets et matériaux collectés pour leurs qualités plastiques (formes, couleurs, matières ) et leurs propriétés physiques...

2. Premiers essais d'associations pour figurer, et pour résoudre les questions techniques d'assemblages.

Images d'un atelier laborieux
Stagiaires très actifs et concentrés

Collection d'objets trouvés
Parallèlement au travail plastique, chacun peut apporter des objets juste trouvés (non transformés) ayant une similitude de forme avec une présence animale.